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22 mai 2007

Culottes, bis

En réponse à un billet de Sara, je réponds ici parce que ces histoires-là, on dirait qu'elle n'arrivent qu'à moi.

Je ramassais les restants d'un picnic avec plusieurs couples d'amis en fin de semaine quand un des hommes s'est approché de moi pendant que sa femme était partie (et Nancy aussi).

"C'est toi qui fait tout ça?" qu'il me dit sur un drôle de ton. Je n'ai pas senti le piège.

"Ouais, depuis que je suis à la maison, j'essaie de m'occuper de tout les travaux," lui ai-je répondu avec mon bel accent de Harlevoix.

Du tac au tac, il me répond en reniflant avec fierté: "Pas moi!", et il s'en va d'un pas confiant, comme s'il venait de marquer un important point pour sa vision du monde.

Quand j'ai entendu ça, j'ai failli perdre les miennes...

20 avril 2007

WWT*

Je ne me rappelle plus, est-ce que je vous ai dit que c'est un pays de fous ici?

Ce matin les enfants ne sont pas allés à l'école. C'est une amie que j'appellerai ND qui nous a appelé pour nous dire que l'école est en lock-down, personne n'y entre ni n'en sort. Elle habite juste en face et était aux premières loges, elle nous a tout raconté. Voici ce qui s'est passé:

La police pourchassait trois jeunes criminels qui avaient commis un vol de résidence et avaient prit la fuite en voiture. Parmi les items dérobés, une arme de poing qui trainait dans un tiroir, les munitions juste à côté. Les bandits sont arrivés près de l'école avec les policiers non loin derrière. Lorsqu'ils ont vu qu'ils ne les sèmeraient pas, les trois ont laissé leur véhicule dans l'entrée d'une résidence et sont sortis pour prendre à fuite à pied. Cette résidence, c'était celle de nos amis ici, ceux qui nous ont appelés.

Leur fille mangeait ses céréales et regardait par la fenêtre quand elle a vu les inconnus dont un était armé du pistolet volé. Elle a tout de suite averti sa mère, ND, qui a appelé le 911 et demandé aux enfants de se cacher dans un des garde-robes de la maison. Une fois tout le monde en sécurité, ND a sorti sa propre arme à feu, l'a chargée et les a attendus de pied ferme. C'est là qu'elle nous a appelé pour nous dire de ne pas venir à l'école, un conseil que nous avons suivi sans nous faire prier. La police est vite arrivée et les forbans, qui étaient cachés sous la glissade de la piscine, on lancé leur arme à la flotte avant de se faire saisir par les constables. C'est un des enfants qui a trouvé le révolver... beuh!

Après on se demande pourquoi on ne se sent pas en sécurité ici à Las Vegas. C'est vrai, depuis un an que Nancy et les enfants sont ici et toujours elle hésite à les laisser jouer dehors. Je croyais qu'elle était peut-être un peu trop prudente mais ce matin, j'avais d'affaire à me raviser. Tout le monde ici a des armes, plusieurs ont un permis de port d'arme cachée, les gangs de la Californie s'installent de plus en plus dans la ville et on a beau vivre dans un quartier relativement sécuritaire, ça n'empêche pas des incidents comme celui de ce matin, ou celui d'il y a trois semaines, d'arriver.

(toc toc toc) Ils sont fous ces américains. Tout le monde le sait. Nous on en a la preuve.

* pour ceux qui n'ont pas fait leur service militaire, l'abréviation WWT signifie wô, wôôô tabarnak!

08 avril 2007

Chez les riches

C'est fou comme on se sent mal, nous les gens simples, chez les riches. Nous étions invités hier chez des amis des amis, des gens qu'on ne connait pas et qui ont frappé le magot. La cabane, des plafonds de 12 pieds! La cour, dix fois grande comme celles qu'on rencontre habituellement ici! Le campeur, le dune buggy, le garage triple et les projets de rénovation qui mettent des murs complets par terre pour ajouter des extension à une maison déjà trop grande pour une famille de 4.

Et nous. On ne les connaissait pas. On se sentait de trop. On n'avait rien à leur donner en retour, qu'un gâteau que Nancy avait fait et qui paraissait bien petit comparé aux montagnes de côtes levées, de BBQ et de chocolat. On sentait qu'on profitait d'eux quand nos enfants ont couru ramasser des centaines d'oeufs de Pâques éparpillés sur le gazon dont certains contenaient des billets de 5$ ou des piles de 25¢. Nous sommes partis tôt, Nancy travaillait, on avait les poches pleines, le ventre plein et la tête pleine de regrets.

Pas notre gang.

30 mars 2007

Une histoire de RK


Il était une fois un gars, un sacré bon gars, qui s'appelait, disons, LeBruce. Comme il ne travaillait pas, il s'occupait en grande partie des tâches de la maison. Un peu paresseux, il n'aimait pas travailler le soir, préférant se reposer, écrire un roman que personne ne lisait, relaxer.

Un soir, sa blonde eut une idée.

"Je vais faire des carrés Rice Krispies pour les enfants."

LeBruce était content que sa journée de travail fut finie et acquiesça nonchalamment aux grandioses entreprises de sa tendre moitié. Elle poursuivit, une liste à la main:

"Pourrais-tu passer à l'épicerie me chercher quelques ingrédients."

Il réfléchit à la question. Peut-être pourrait-il se prendre une cannette de Monster en passant, sur le bras. Il accepta, satisfait de contribuer une fois de plus à la vie familiale.

Une fois dans la voiture sur le chemin du retour, il s'aperçut qu'il avait oublié d'acheter sa boisson. Bah. Une autre fois. Je rentre me reposer.

À la maison, les enfants sortaient de la douche et la dame du foyer annonça unilatéralement qu'elle allait les endormir.

"Pourrais-tu faire fondre les guimauves, six tasses, mon chéri? Oh, et en passant, n'oublie pas de mesurer la bonne quantité de céréales car la recette est pour quatre tasses de guimauves."

"Hein, quoi, c'est moi qui... ?"

LeBruce baissa la tête, elle était partie. Il s'exécuta sans dire un mot, répétant des gestes qu'il avait faits maintes fois, le jour cependant. Elle revint dans l'embrasure de la porte:

"J'ai oublié de te dire que j'aimerais que tu les étendes sur des plaques à biscuits pour qu'ils soient minces, ok? Bisou!"

Il graissa deux plaques pendant que les guimauves fondaient. Il entendit à travers le mur:

"Tu mettras les M&M dessus à la fin."

LeBruce termina son mélange, l'étendit sur les plaques, le saupoudra de M&M, les aplatit avec une cuiller pour qu'ils collent bien et fut satisfait de son travail. La dame de la maison revint peu après.

"Ils dorment. Viens, on va les couper et les placer dans des contenants."

"Oui mais, mes fesses veulent aller s'asseoir un peu."

"Allez, s'il te plait, ça va être le fun."

Soupir.

"Oh, tu n'as pas assez mis de M&M on dirait. Comtes-les et assure-toi que chaque morceau en ait le même nombre, tu en rajouteras au besoin."

"NON."

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants contents.

20 mars 2007

Du pétrole rose sur le feu

Le racisme est dans l'air ces temps-ci avec toutes les histoires de cabanes à sucre et les vieux arguments intolérants qu'on entend toujours: qu'ils s'adaptent, qu'ils retournent chez eux, et patati et patata. Bien honnêtement, j'en ai ma claque de ces idioties. Je suis un immigrant aux États-Unis et ma culture, je l'ai emmenée avec moi point final. Je parle français à l'épicerie et dans la cour d'école avec mes enfants, je ne mange pas de junk food à tous les jours et j'ai même encore ma plaque du Québec sur ma moto. So what, big fucking deal, sue me!

La semaine dernière, j'en ai entendue une bonne sur le racisme. Des amis qui ont une entreprise de construction résidentielle et qui engagent des Mexicains, ont eu une mauvaise surprise récemment. Jesus, un de leurs hommes, conduisait le fork-lift sur la rue, chose qui n'est pas interdite ici en autant que ce n'est pas sur l'autoroute et que le véhicule n'est pas gazé au pétrole coloré (vous saviez que ça existait du diesel rose vous?). Il se fait arrêter par un policeman bedonnant qui lui colle une contravention de 600$. Un de nos amis, le âtron de Jesus, s'est tout de suite rendu sur les lieux et quand le policier l'a vu, il s'est excusé et lui a dit:

"Had I known this company was owned by white people, I never would have given that ticket."

EXCUSEZ-MOI, j'ai dû mal comprendre!!!

Je répète, en français:

"Si j'avais su que cette compagnie appartenait à des blancs, je n'aurais jamais donné cette contravention."

Ça mes amis, c'est du racisme institutionnalisé.

Et j'ai bien l'impression, à entendre l'objet de toutes les controverses stupides à propos de gens qui ont payé leur place dans un resto et qui ne peuvent même pas prier en paix sans se faire ramasser par des stupides médias qui n'ont rien d'autre à faire que d'emflammer la population et l'inciter à la haine, j'ai bien l'impression que le Québec s'en va dans cette direction.

Et quand ça arrivera, il sera peut-être moment d'émigrer pour de bon... Pfft!

13 mars 2007

Welcome to Snotty Café

Nancy et moi travaillons sur un projet ensemble ces jours-ci, un projet ultra-secret dont je ne peux révéler le moindre indice. Ce que je peux dire toutefois c'est qu'il fait bon avoir des projets en couple, ça ne nous arrive pas si souvent tellement nous sommes différents. Elle veut sucrer, je veux saler. Elle dit rouge, je dis bleu. Elle aime court, j'aime mieux long. Enfin, vous voyez le style, on ne reste pas avec quelqu'un pendant presque dix-huit ans si on a tout en commun avec elle, ça serait d'un ennui mortel.

Nous nous trouvions donc à un café, un de ces charmants endroits réconfortant parce qu'il y en a un identique à tous les coins de toutes les rues de tous les états de la république. La terrasse était chaude, il faisait au moins 30 degrés aujourd'hui, trop chaud pour rester au soleil. Quand la seule table à l'ombre s'est libérée, nous nous sommes précipités pour ne pas la perdre, les verres de café dans les mains, les papiers de notre projet dans une pile échevelée, le sac à main, le téléphone, tout le bazar des couples unis aux projets grandioses.

Nous avons recontruit notre surface de travail tout de suite après que Nancy eut avalé le reste de son latté en une gorgée bien serrée. Mon grand noir restait à portée de ma main, encore trop chaud pour en faire autant. Je le sirotais, un peu à la fois, les yeux sur le projet plutôt que dans le verre, quand émanant du liquide chaud un objet solide est venu appuyer sur ma lèvre supérieure.

Un point d'interrogation est apparu au-dessus de ma tête alors que je plongeais les doigts dans le verre pour en repêcher l'intrus. Une serviette de papier, brunie, détrempée.

"Hé, mais qu'est-ce..." ai-je balbutié.

"Oh non," fit une Nancy qui tentait de prendre une teite écarlate, même dans la fraicheur de l'ombre. "C'est moi, j'ai dû penser la mettre dans mon verre vide..."

"Bah, pas grave, en autant que tu n'a pas essuyé la table avec."

"Non, mais je me suis mouchée dedans!"

D'où le titre de mon article...