02 juillet 2006

La vente de garage

Ça m'a fait du bien de sortir en moto ce soir, j'avais les muscles fiévreux de soleil et l'air de la soirée m'a bien rafraichi. C'était aujourd'hui ma vente de garage, celle que j'attendais depuis un moment. Et quelle journée j'ai choisie!

À la météo, j'avais vu la veille que la journée serait ensoleillée avec des nuages et 30% de probabilité d'averses. Bah, plutôt positif comme météo. Feu vert!

J'ai commencé la journée sur les dents. Je venais de voir partir les quatre électro-ménagers du gars qui les a achetés, j'avais au moins 20 brassées de matériel à sortir avant de pouvoir commencer à vendre. Ça m'a pris une heure pour sortir 90% du matériel, le dernier 10% est resté dans la maison, faute de temps. Les gens se sont mis à arriver et sitôt les ventes commencées, je suis resté au poste.

Mais pendant que j'essayais de plaire à ma clientèle, le vent est devenu un facteur de distraction important. Des rafales de fous se sont mises à tout jeter par terre, l'aquarium à l'envers, les nouilles de piscine rendues de l'autre côté de la rue, les chaises renversées, les poussettes déplacées. Difficile de tenir un kiosque en ordre quand Burt court partout après son matériel!

Malgré tout, la matinée est passée et la plupart des gros morceaux sont partis dans des mains, pas au vent. En début d'après-midi, un gars débarque de sa voiture, sa femme reste dedans avec les enfants. Il a vu la paterre et il la veut. On négotie, on s'entend sur le prix, le gars vient pour payer et il me sort un maudit gros vingt piastres. Je fouille dans mes poches et il n'y a pas le moindre change au delà de quelques pièces.

Alors le gars colle, sa femme s'impatiente, elle part, il colle. Que pourrait-il prendre d'autre pour quatre piastres? Il flaire aux alentours et pendant ce temps, les deux Kevin du quartier arrivent ensemble. Ils sont mignons, il me montrent chacun une poignée de pièces et ils s'élancent dans le coin des jouets.

L'autre gars lui, il essaie d'avoir un item qui valait 15$ pour quatre piastres, il négocie fort, il joue dur, on voit qu'il est habitué, mais je ne bouge pas, je suis plus fort que lui. Un des petits gars me demande s'il peut avoir un bidule, je dis oui pour 50¢ et il est tout heureux de me les donner.

Mon colleux s'aperçoit qu'il y a des pièces qui entre dans ma poche alors il est décidé qu'il va attendre que quatre piastres de ces petits gars passent dans mes mains. Les garçons toutefois sont indécis, il n'y a pas grand chose qu'ils aiment dans le lot mais ils sont tout de même très décidés à dépenser toute leur somme.

L'autre gars colle. Il est patient le fauve. À coup de 25¢ et 75¢, les pièces des garçons entrent mes poches, je fais le compte et les lui remets au fur et à mesure.

La dernière piastre et vingt-cinq a été particulièrement longue, notre patient-devenu-impatient ami qui attendait son dernier une et vingt-cinq devait craindre la réaction de sa femme aux explications qu'il devrait donner pour justifier son absence prolongée. Bien sincèrement, je commençais aussi à avoir hâte de le voir partir et lorsque les pièces sont finalement passées des mains des garçons aux miennes aux siennes, je l'ai regardé s'en aller avec sa paterre en pensant à tout ce temps qu'il venait de perdre pour une maudite piastre et quart. Étrange de constater que l'expression "le temps c'est de l'argent" ne vaut pas la même chose d'un individu à l'autre.

Puis vient la soirée, il ne reste presque plus rien, je fais le tri, je jette tout ce qui est scrap et le reste je l'étale sur la table. Quelques clients viennent, on est plus relax maintenant que le soleil est plus bas. J'ai fait encore quelques ventes et me suis félicité d'être resté ouvert jusqu'à tard. Les Arjona sont venu me voir, ils ont pris quelques items. Guillermo, voyant que je n'avais pas vendu une étagère dit qu'il la prendrait pour son storage. Je lui dit que c'est mon père qui a fait cette armoire en 1975. Il refuse alors de l'acheter et m'offre de la garder pour moi avec obligation de la reprendre à mon retour. Je ne suis pas sentimental pour ces choses habituellement mais ce geste de Guillermo m'a touché. Merci mon ami.

Après la douche, la courte ballade dans un St-Hubert entre chien et loup m'a fait un grand bien. En partant, j'ai laissé tous les items non-vendus sur la table avec un écriteau "Tout à donner". À mon retour, la table était vide et je me suis instantanément traité d'idiot pour ne pas avoir écrit sur le carton "incluant la table".

1 commentaire:

Unknown a dit...

@wello: je savais que tu aimais les bons outils mais ne savais pas qu'il y avait une certaine nostalgie attachée.