30 avril 2006

Leçons

Ce fut une journée de leçons, enseignées et apprises.

D'abord, Seb et moi avons passé une demi-heure ensemble à apprendre comment "déclutcher" sur une Suzuki DRZ-400s jaune. Ah oui, Seb c'est le fils de nos voisins, G+E (salut à toute la famille!). Le jeune homme est passé en un temps record de celui qui n'avait jamais enfourché une bécane, à celui qui peut partir tout seul et tournoyer dans le champ. Bravo Seb, tu m'as bien impressionné aujourd'hui!

Ensuite, au moment de me faire cuire des pâtes pour essayer la sauce que je me suis cuisiné ce matin avant de déjeuner(!), j'ai eu un flash. J'ai vu Nancy qui ne perdait pas de temps tandis qu'elle cuisait des pâtes car elle faisait autre chose en même temps. J'ai donc décidé à ce moment-là de prouver scientifiquement au monde que les hommes sont aussi capables que les femmes de travailler en multi-tâches.

J'ouvre une parenthèse. Je ne suis pas du genre à croire aux histoires populaires car je pense que les humains ont beaucoup trop d'imagination comparé à ce qu'ils ont de raison. Alors lorsque j'entends "les attaques du 11 septembre ont été perpétrées par des terroristes", ou encore "les attaques du 11 septembre sont l'oeuvre du gouvernement américain", je me dis que la vérité est à quelque part entre les deux. De même, si j'entends "les hommes ont un meilleur sens de l'orientation" ou "les femmes sont meilleures à travailler plusieurs tâches à la fois", je dis bof. Les gens peuvent bien croire ce qu'ils veulent et moi aussi d'ailleurs... :)

Alors donc, je me préparais à démontrer par un exemple incontournable à tous les assidus lecteurs de cette chronique que cette croyance était fausse. Tout ce qu'il faut pour réussir une multi-tâche c'est un système bien pensé, voilà!

J'ai donc mis les pâtes à cuire en prenant soin de les casser en deux. De cette façon, les pâtes requiert moins d'attention et je pourrais passer l'aspirateur plus rapidement. J'ai sorti l'aspirateur et ai commencé mon expérience. J'ai pris soin de bien nettoyer partout.

Près de la table, j'ai trouvé à la place de Sam un Cheerios oublié là. Cette trace de vie me laissa voir dans mon imagination les dernières heures passées par Nancy et les enfants dans ce logement maintenant dénué de vie. Plus loin, j'aspirai un élastique rose dans lequel était mêlés quelques uns des cheveux soyeux de Pounne. Sous un meuble roulant je trouvai quelques jouets s'y étant réfugiés et qui avaient passé l'inspection sommaire que Nancy a du faire avant de quitter la maison, ne sachant pas si elle allait y revenir ou non mais trop pressée pour prendre le temps de lui faire les adieux qu'on doit à une demeure qui nous a rendus heureux.

Poussières, cheveux, breloques, j'aspirais les dernières traces d'une famille qui jadis habita ici mais qui n'est plus aujourd'hui qu'une pâle image de ce qu'elle était autrefois. J'ai alors realisé que la solitude me pesait plus que je ne l'aurais imaginé. Il y a plus qu'une moitié de moi qui est partie, ce sont les trois quarts de ma vie qui sont au loin.

Je n'ai pas pu passer dans la chambre des enfants. Je l'ai laissé comme elle était, dernier sanctuaire de notre toute petite maison. Je la trouve belle leur chambre, elle est pleine de vie, de savoir, de sourires et de joie. Le lit de Pounne est plus haut que la normale, il le fallait pour entrer le lit de Sam dessous et ainsi économiser de l'espace. Les étagères sont pleines de livres, le coffre est plein de jouets et de toutous, les lits sont de couleurs vives, rose et bleu, cliché qui ne veux pas s'en aller de notre culture. Les enfants ont été en sécurité ici. Ces murs, la porte, les rideaux, notre présence feutrée dans la pièce d'à côté, tous ont contribué à donner un sentiment de confort à nos petits pour qu'ils grandissent bien, sans peur.

J'étais profondément dans mes pensées, torturé et au bord des larmes quand je me suis rappellé que mes pâtes cuisaient. Ça tombait bien, je venais de terminer le nettoyage et mon estomac me ramena à la réalité. Enfin, le monde allait connaître la vérité scientifique.

Les pâtes ont manqué d'eau, étaient beaucoup trop cuites.

J'ai peut-être échoué mon expérience mais j'ai appris une leçon dont je suis la preuve: c'est vrai que les gens ont plus d'imagination que de raison.

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