À mesure que les murs du condo se dégarnissent, l'atmosphère ici se dépersonnalise. D'ici quelques heures, cet endroit aura l'air de n'importe quel autre appartement, sans autre âme que les souvenirs qui restent dans ma tête. Même ceux-là semblent perdre leur forme et commencent déjà à revêtir le caractère d'un récit historique, texturellement différent de la réalité présente*.
C'est monté sur une chaise que je me suis mis à relire les pensées et phrases cocasses que Nancy a affichées dans une trentaine de petits câdres de format carte postale. En voici quelques extraits:
"Si Robin des Bois volait les riches pour donner aux pauvres, alors les riches devenaient pauvres et les pauvres devenaient riches, ça ne donnait rien!" -- Pounne, 4 ans
"Zéro, c'est le milieu des chiffres" -- Sam, 7 ans
"Maman, ultimement le plus beau défi" -- Nancy
"Qui s'occupait des petits quand tout le monde était petit?" -- Sam, 5 ans
"Quand la neige fond, elle devient du gazon" -- Pounne, 4 ans
"Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu'un atome" -- Albert Einstein
"Quelle que soit la destination, ce sont les gens qu'on rencontre sur la route qui importent" -- Nathalie B, 2000
C'est sur cette dernière pensée que je m'appuie en ce moment...
* Si vous êtes comme moi, vous trouverez que le passé n'a pas la même texture que le présent, que les événements qui ont déjà eu lieu apparaissent comme voilés d'une aura qui leur donne un caractère quasi-mystique. J'explique cet état de choses par les propriétés de notre mémoire qui déforme les données qui y sont stockées, les compressant pour qu'elles occupent moins d'espace mais créant du même coup des déformations. Les artefacts de notre mémoire deviennent dès lors impossibles à distinguer des événements qui ont vraiment eu lieu, ce qui expliquerait pourquoi les humains sont si facilement confondus mais à la fois fascinés par leur passé, bien souvent au détriment de leur futur où tout est encore possible mais qui ne revêt qu'une importance secondaire.
23 juin 2006
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2 commentaires:
J'aime bien ta théorie. J'ajouterais également que la compression de nos souvenirs sur notre disque dur interne a comme propriété de les embellir. La nostalgie ambiante et les «c'était le bon temps», viennent de notre propension à idéaliser le passé...
Quelle philosophie pour un lendemain de St-Jean! ;-)
@epicure: Je suis d'accord avec ton corollaire et j'ajouterais que parfois, ça marche dans l'autre sens. Par exemple:
- "Le printemps a été pourri cette année" (même s'il a fait soleil au moins 50% du temps
- "Les libéraux ont vraiment foutu le bordel" (mais on ne rappelle pas d'un seul bon coup qu'ils ont fait)
- "L'Afghanistan est un pays de terroristes" (même si on ne sait pas trop pourquoi les Canadiens y sont)
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